• Corriger son manuscrit : une méthode parmi d'autres

    Corriger son manuscrit : une méthode parmi d'autres

     

     

     

    Rédiger le premier jet d’un roman est le plus difficile. Le corriger est le plus long. Tel est ce que j’ai remarqué. Pour rappel, je suis de ces personnes pour qui le premier jet est d’abord un moyen d’expédier ses idées, de coucher son histoire, peu importe la tête que ça a.

     

     

     

    J’estime que l’écrivain qui écrit de façon intuitive et celui qui pense chaque phrase avant de passer à la suivante mettent le même temps pour écrire un roman, du premier jet jusqu’à la forme finale. On reste dans la théorie, je le sais bien : d’autres paramètres sont à prendre en compte, comme le fameux syndrome de la page blanche, la procrastination, le manque de motivation, les aléas du quotidien, etc. Là, les écarts varient du simple au double, même entre deux auteurs qui possèdent une façon d’écrire similaire.

     

     

     

    Je souhaite surtout préciser qu’aucune de ces deux méthodes n’est mieux que l’autre. La personnalité de chacun est déterminante : faites ce qui vous convient.

     

     

     

    Cela dit, passons au sujet principal de cet article.

     

     

     

    Sur internet, on trouve une pléthore de conseils pour écrire un roman, plus ou moins différents les uns des autres. C’est moins contrasté pour la correction et vous retrouverez souvent la même chose. Le tout est de savoir faire un choix, de savoir jusqu’où vous souhaitez aller.

     

     

     

    À noter que, même si vous décidez de payer les services d’un professionnel, vous essayer à cet exercice enrichira votre expérience d’écriture. On développe une sorte d’automatisme bénéfique (ou pas, selon chacun) pour ses prochains romans.

     

     

     

    Si elle peut vous être utile, voici un panel des éléments que j’ai résolu de passer en revue pour la correction de Tendanô. Je rappelle que cette liste représente ce que JE souhaite inclure dans la correction : rien ne vous oblige à la reprendre au point près.

     

     

     

    Je distingue deux blocs essentiels :

     

     

    — le fond

    — la forme

     

     

     

    Dans cet ordre.

     

     

     

    Dans la continuité de l’état d’esprit qui m’a accompagné lors de la rédaction du premier jet, je priorise l’exposition de mes idées, des éléments de mon intrigue. Le mieux est de laisser passer du temps entre la première écriture et la correction, une durée pendant laquelle vous mettez de côté votre histoire. Dans mon cas, comme je possède une grande facilité à me détacher de mes textes, cela n’a pas dépassé les quinze jours. Mais vous pouvez faire un mois, trois mois, un an de pause. Là encore, voyez ce qui vous convient le mieux.

     

     

     

    Je ne me vois pas m’atteler à la rectification de la forme si mon fond présente un risque d’être modifié. Je le verrais comme une perte de temps. Et mon expérience avec Tendanô m’a prouvé que je maniais fort bien l’art d’écrire un ou plusieurs passages avant de tout enlever et de prendre une direction plus ou moins différente (petit sourire en coin à l’évocation de ses merveilleux souvenirs où j’ai sorti la tronçonneuse littéraire mouhahaha !).

     

     

     

    D’abord le fond, ensuite la forme. Chapitre après chapitre.

     

     

     

    Le fond

     

     

    Qu’est-ce que j’entends par corriger le fond ? Je vous ai donné un premier indice, un peu plus haut : vérifier que toutes les idées essentielles à mon histoire sont présentes.

     

     

     

    Je profite de cette étape pour valider la cohérence globale avec une relecture de l’intégralité de mon texte. Je note les remarques que je me fais, les chapitres concernés par des modifications ultérieures. Je considère cela comme une préphase, car j’y passe un temps assez court. Il s’agit de prendre des notes en premier lieu.

     

     

     

    Les choses sérieuses commencent ensuite.

     

     

     

    Je reprends mes chapitres un à un. Je le relis comme une entité à part entière, en gardant près de moi les notes que j’ai prises si besoin. Je vérifie cette fois la cohérence de la ou les scènes présentes, je corrige s’il le faut. Est-ce que l’enchaînement se fait bien ? Est-ce que le ou les personnages réagissent d’une façon absurde ou pas, que ça soit face aux événements ou vis-à-vis de leur environnement ? Etc.

     

     

     

    Ce questionnement m’amène à vérifier la cohérence du cadre. Est-ce qu’il manque des détails dans le décor, est-ce que le tout à un sens, est-ce que tel élément est présent et, si oui, est-il bien à sa place, en adéquation avec l’univers que j’ai créé ? Cela couvre divers éléments : le climat, les us et les coutumes, la géographie, la chronologie et ainsi de suite.

     

     

     

    C’est aussi l’occasion pour moi de vérifier mes descriptions : au travers des cinq sens, mais aussi via le rendu émotionnel de mes personnages. J’y prête une attention particulière, car l’aspect descriptif a souvent été mon point noir, induit par ce fameux état d’esprit cité plus haut qui veut que je cherche à poser mes idées au plus vite.

     

     

     

    La correction du fond peut sembler une étape fastidieuse, surtout si vous possédez une nature d’éternel/le insatisfait/e. J’ai de la chance : lors du premier jet, je parviens à poser l’essentiel. Mon travail, à cette étape, n’est pas trop éprouvant.

     

     

     

    La forme

     

     

    La partie la plus longue de mon cheminement correctif. Comme j’ai dressé une liste un peu conséquente des points que je veux revoir, je dois prendre le temps de régler un à un les petits détails. Car c’est surtout de cela qu’il s’agit : régler chaque petit truc, un à un. Comme je ne suis pas masochiste, j’ai décidé de me faire aider et ai investi dans un logiciel de correction dont j’avais entendu beaucoup de bien.

     

     

     

    Il s’agit du logiciel Antidote.

     

     

     

    Comme je suis sous Windows Vista et que la version la plus récente, Antidote 9, vendue sur le site officiel n’est pas compatible avec mon système d’exploitation, j’ai dû chercher ailleurs sur le web la version Antidote 8.

     

     

     

    Le prix de cet outil tourne autour des 100 euros.

     

     

     

    Peut-être trouverez-vous cela excessif pour un correcteur, mais pour l’avoir testé, je confirme qu’il les vaut largement. Il fait tout, ou presque. Et surtout, il passe en revue un certain nombre de points que je voulais vérifier à l’origine.

     

     

     

    Quels sont-ils, d’ailleurs ?

     

     

     

    En vrac :

     

     

    — la trop grande présence d’adverbes, en particulier ceux qui se terminent en — ment. J’en abuse. J’essaie tout de même de réduire les autres aussi, si nécessaire. Antidote est capable de lister les adverbes, je gagne du temps

     

     

    — Les répétitions. Là aussi, je peux avoir la main lourde. J’ai réglé le logiciel de façon à ce que dans les répétitions, il inclue les mots de la même famille (on ne dirait pas, mais quand on relit, c’est assez conséquent)

     

     

    — les verbes faibles. Ce sont les verbes passe-partout. Parmi eux, les auxiliaires être et avoir, mais aussi les verbes comme faire, sembler, paraître, pouvoir, aller, dire, etc. Quand on réfléchit bien, il existe très souvent un verbe qui exprime son idée de façon plus précise. On enrichit son vocabulaire, on fuit une trop grande facilité et on contribue à diminuer les répétitions !

     

     

    — la voix passive. Dans mes textes, les phrases passives m’ont toujours un peu gênée. Exemple de phrase à la forme passive : « Il a été percuté par une voiture. » À la voix active, cela donne : « une voiture le percuta ». Je trouve cela bien plus agréable. Et qui plus est, c’est encore une occasion de diminuer l’utilisation des auxiliaires.

     

     

    — les phrases impersonnelles. Elles commencent par « il y a », « il existe », « c’était », etc. Là encore, j’en utilise pas mal par facilité. Et ce sont encore des répétitions de sonorités, d’auxiliaires. Le logiciel les cherche pour moi. Je crois qu’il n’y a que dans les dialogues que je les tolère le plus.

     

     

    — les phrases trop longues. On s’essouffle à les lire. J’ai de la chance, je n’en fais pas trop. Là encore, Antidote les recense pour moi (on peut régler le nombre de mots qui détermine quand une phrase est considérée comme longue).

     

     

    — les conjonctions. Si elles rendent la lecture indigeste, j’essaie de les supprimer.

     

     

    — la concordance des temps, mais aussi leur utilisation. En effet, selon l’action, on aura recours soit à l’imparfait, soit au passé simple, voire aussi au plus-que-parfait. Je dois le vérifier par moi-même, bien que je m’aide du logiciel pour repérer les verbes conjugués à chacun des temps incriminés.

     

     

    — la conjugaison des verbes

     

     

    — tout ce qui touche à la ponctuation et à la typographie.

     

     

    — une dernière chose pour laquelle mon logiciel ne peut pas m’aider : la réduction de texte. J’entends par là le fait d’enlever tous ces morceaux de phrases qui ne servent à rien, les évidences qui alourdissent le récit, les groupes de mots qui pourraient être remplacés par un seul, mais aussi les phrases contenant « c’est… qui... » ou encore ces passages où je redis quelque chose que le lecteur sait déjà (on ne sait jamais, s’il a oublié entre la page 9 et la page 11 xD).

     

     

     

    Quelques exemples pour que vous compreniez ce à quoi je fais allusion : « l’homme qui garde l’entrée du magasin » peut être remplacé par « le vigile », « c’est mon père qui a pris le courrier » peut être remplacé par « mon père a pris le courrier » (je laisse le « c’est… qui... » dans le seul cas où je veux insister. Autrement, j’enlève), etc.

     

     

    — Pensez aussi à vous relire à voix haute : il y a des petites choses auxquelles on ne fait pas attention en lisant, mais qui ressortent quand on les entend. Vous n’êtes pas représentatif de tous les lecteurs et certains peuvent être gênés quand vous ne l’êtes pas.

     

     

     

    À noter, concernant le logiciel Antidote : ne corrigez pas systématiquement toutes les erreurs qu’il vous indique. Il obéit à une certaine logique et c’est tant mieux, mais il ne prend pas forcément en compte votre style. Ainsi, il a relevé, dans un de mes chapitres, une faute d’accord qui n’en était pas une. Il m’a signalé que le verbe ne s’accordait pas avec ce qu’il pensait être le sujet de la phrase, le véritable sujet se trouvant dans la phrase précédente. En gros, le passage était construit de la manière qui suit (il s’agit là d’un exemple) : « Ils entrèrent dans la pièce. Allumèrent la lumière. » Donnez cette phrase à corriger au logiciel : il affirmera qu’il faut écrire « allumait » et non « allumèrent ».

     

     

     

    Pour en finir avec cet article, une dernière étape que même le meilleur logiciel du monde ne peut faire à votre place : la bêta-lecture. Je n’ai pas encore préparé cette phase, mais il est, à mon sens, essentiel de faire appel à un regard extérieur (sauf si vous avez demandé à un correcteur professionnel de se charger de cette tâche). L’objectif du ou des bêtas-lecteurs et de pointer les incohérences de votre récit qui sont passées entre les mailles du filet. Du fait du travail préparatoire, il y a des passages qui coulent de source pour vous, mais qui sont un mystère pour un regard extérieur qui ne connaît pas les coulisses de votre roman.

     

     

     

    Et parce que ma curiosité me titille : comment se présente votre phase de correction ? Que vérifiez-vous ? À vos claviers et à très vite pour un nouvel article :).

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 20 Janvier 2016 à 15:14

    Quel travail de titan !

    Pour ma part, même si mon roman n'est pas encore terminé, je peux tout de même parler de mon expérience avec mes nouvelles ! tongue
    Quand je corrige un texte que j'ai écrit, en général je fais une première relecture pour relever les problèmes de fond et un premier repérage des problèmes de forme. Puis, je réécris les passages qu'il faut, je corrige les incohérences.
    Ensuite, je fais une deuxième relecture beaucoup plus approfondie pour corriger l'orthographe, la grammaire, la syntaxe, la typographie et les éventuelles répétitions qui auraient persisté.
    Et pour finir, si j'ai le courage, j'effectue une dernière relecture pour bien revérifier tout smile

    Par contre, je laisse un temps de pause plus ou moins long avant la première relecture et entre la deuxième et la troisième smile

     

    Merci pour ton article, c'est très intéressant de savoir comment tu travailles ! ^^

      • Mercredi 20 Janvier 2016 à 15:43

        Au final, nous avons une base assez similaire yes

         

        Je corrige chapitre par chapitre, avec deux-trois relectures à chaque fois et je ne laisse pas de temps de pause, j'aime battre le fer tant qu'il est chaud. Mais il y aura certainement une ou deux relectures globales à la fin :)

    2
    lehou
    Mercredi 20 Janvier 2016 à 15:22

    Très bonne article, qui va m'être utile durant cette phase de corrrection :)

     

     

      • Mercredi 20 Janvier 2016 à 15:40

        Merci et tant mieux si cela t'aide yes

    3
    Mercredi 2 Mars 2016 à 18:12

    Très bon article !!! il me servira surement lors de la correction de mon roman !

      • Lundi 7 Mars 2016 à 19:44

        Merci pour ton commentaire Merlin et bon courage pour la correction de ton roman yes

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