• Dans mon petit coin de lecture, j'ai trouvé : Fifty Shades of Grey

    Dans mon petit coin de lecture, j'ai trouvé : Fifty Shades of Grey

     

     

    L'auteur, E.L. James est britannique. Née en 1963, elle décide d'écrire une fan-fiction basée sur la saga Twilight (Fascination) de Stéphanie Meyer, série pas assez explicitement sexuelle à son goût. Les romans de la trilogie des Fifty Shades sont les seuls à son actif.

     

     

     

    Genre : romance érotique

     

     

    Quatrième de couverture : "Lorsqu'Anastasia Steele, étudiante en littérature, interviewe le richissime jeune chef d'entreprise Christian Grey, elle le trouve profondément séduisant mais intimidant. Convaincue que leur rencontre a été désastreuse, elle tente de l'oublier jusqu'à ce qu'il vienne la voir dans le magasin où elle travaille et l'invite à en rendez-vous en tête à tête.

     

    Naïve et innocente, Anastasia ne se reconnaît pas dans son désir pour cet homme. Quand il la prévient de garder ses distances, cela ne fait que raviver son trouble."

     

     

    Mon avis : Je vais très certainement, dans ma critique, dévoiler une partie de l'intrigue. Et des passages interdits aux plus sensibles. Vous êtes prévenu.

     

     

    Que dire … Je n'ai jamais ressenti l'envie de lire ce livre. Il ne m'attirait absolument pas. Oh, rien à voir avec le sado-masochisme. Mais je sais pas, je ne le sentais pas. J'ai bien vu l'effet qu'il provoquait parmi mon entourage. Un certain nombre sont limite en extase, d'autres l'ont tout simplement en horreur.

     

     

    De ce que je lisais, à droite et à gauche, j'avais plutôt envie de m'orienter vers la seconde catégorie. Je l'avoue, j'ai critiqué sans lire. Ce n'est pas bien, je sais. Je me suis donc décidé à le lire, en partant du principe que je n'avais jamais rien entendu sur ce livre. Bref, avec aucun à priori.

     

     

    J'ai lu la première page … Puis j'ai attendu quelques jours. Dans mon esprit, c'était "Mon dieu, dès les premières lignes, je trouve déjà à redire ! " J'y suis retournée quelques jours plus tard.

     

     

    Je le dis tel que je le pense : je trouve que ce livre est une bouse. Jamais un roman ne m'aura autant ennuyée. Révoltée. Choquée. Je n'aurais jamais cru que j'aurais ressenti l'envie, un jour, de brûler un bouquin. Sauf que, bien sûr, je n'ai pas pu le brûler : je l'ai lu via mon application Kindle sur PC.

     

     

    Je ne sais pas par quoi commencer tellement il y a de choses à dire.

     

     

    Sur la forme : le ton se veut léger. En soi, ça ne me dérange pas. Sauf que là, ce n'est pas léger. C'est niais. Abrutissant. Même si je ne suis pas fan de la vulgarité, je suis déjà tombée sur des textes où, au final, je finissais par la trouver à sa place car bien dosée et en accord avec l'ambiance. Là, non. Sérieusement, trop de vulgarité, ça tue la vulgarité. Surtout quand elle donne un côté débile aux personnages.

     

     

    Et puis franchement, c'est quoi cette obsession des marques ? Je sais pas, l'auteur a passé un accord avec de grands industriels ? On est à la limite de la publicité abusive. Ah ça, c'est sûr, ça meuble bien. Mais purée, qu'est-ce qu'on s'en fout de la marque précise du vin qu'ils boivent ou de la voiture qu'ils conduisent.

     

     

    Sur le fond : fiuu, voilà le pire. Je pense que le fond explique la forme. Première chose, il y a pas mal d'incohérences. A plusieurs reprises, je me suis trouvée à lire une chose, puis, deux pages plus loin, son contraire. J'en venais presque à insulter les personnages en leur disant "Mais purée, il y a cinq minutes, tu disais l'inverse !!!"

     

     

    Anastasia a 22 ans. Là, déjà, ça coince, parce qu'elle a plutôt la réflexion d'une ado de 15 ans. Et encore. Il y a quelques semaines, je vous avais parlé du livre Abandon de Meg Cabot, et de son héroïne âgé de 17 ans. Il n'y a pas à dire : cette dernière est beaucoup plus mature qu'Anastasia. Vraiment.

     

     

    Autre point : Anastasia est vierge. Bon, pourquoi pas. Elle n'a jamais connu le moindre désir sexuel. Là aussi, pourquoi pas. Christian arrive dans sa vie et soudainement, elle est métamorphosée. Limite obsédée par son désir sexuel pour le jeune homme, aux portes de l'orgasme dès qu'il la regarde. Et pour couronner le tout, la demoiselle réfléchit à la proposition de signer un contrat dans le cadre de la pratique du sadomasochisme. Bon, d'accord : elle arrive à être comme ça, tout en gardant sa part d'innocence et de naïveté.

     

     

    Mais oui, bien sûr, c'est tellement représentatif. Non mais sincèrement … Elle aurait été une jeune femme avec un peu plus d'expérience, d'accord, ça m'aurait convaincu. Mais ici, ça ne colle pas. Je ne connais pas de femme qui aurait soudainement une révélation pour la sexualité et qui, en plus, brûlerait les étapes alors qu'elle ne connaît rien, même pas son propre corps.

     

     

    Avec Anastasia, on tombe dans le pathologique. Elle se met soudainement à nous parler de sa conscience et, surtout, de sa foutue déesse intérieure (oh purée, que j'avais envie de la tuer, celle-là!). Elle en fait référence à chaque paragraphe ou presque. C'est usant, irritant et renforce cet impression de remplissage.

     

     

    Et encore, s'il n'y avait que ça. La jeune femme développe une réelle dépendance affective vis-à-vis de Grey. Ce dernier sait beaucoup de chose sur elle, limite la harcèle, l'infantilise. Elle sait que ce n'est pas normal, mais elle reste quand même. C'est comme cela, qu'on pourrait résumer l'amour d'Ana pour Christian : "Il fait tout un tas de choses que je ne devrais pas accepter, dont je sais qu'elles ne sont pas normales, mais je l'aime, j'ai besoin de lui, donc, j'accepte". Notez le mot besoin.

     

     

    Ah. D'accord. Et puis quoi, encore ? Cela ne gêne personne ? Ah bah non. Parce que le tout nous est servi enrobé de romantisme. Bah oui, le pauvre Christian Grey, c'est pas de sa faute s'il est comme ça. Il a eu une petite enfance très difficile !!! Et d'ailleurs, c'est pour cette raison qu'il pratique le SM. Comme si cette pratique sexuelle ne pouvait être que la résultante d'une vie de souffrance. Formidable préjugé !

     

     

    En tout cas, c'est ainsi que l'on ressent les choses, en lisant le livre. L'apparence romantique qu'on donne à la relation entre ces deux-là met en lumière quelque chose qui, personnellement, m'effraie. Combien de jeunes femmes, depuis des générations, partout dans le monde, souffrent du comportements de leurs conjoints mais restent, s'obstinent à vouloir les changer et finissent totalement dévastées ? Avec le côté doucereux que l'on donne à l'aspect de ce livre, l'auteur favorise l'existence de ce problème.

     

     

    "Anastasia a tout supporté, a tout accepté de Christian Grey. Et elle y est arrivée. Alors, moi aussi, je peux faire pareil." Non, ça ne marche pas comme ça, je peux vous l'assurer. Il y a des moments où ce n'est pas d'un ou d'une petite amie que l'on a besoin, mais d'un psy. Non, on a pas à accepter d'être surveillée, traitée comme une enfant (Grey, dans le livre a une véritable obsession pour la nourriture et ordonne littéralement à Ana de manger, comme si elle était une petite fille).

     

     

    Christian Grey. Au début, je trouvais le personnage appréciable car c'était le seul à être constant dans sa façon d'être. Bon, il affichait clairement ses tendances de maniaque du contrôle, il était un peu caricatural, mais au moins, il y avait une certaine stabilité, chez lui. Et puis … Et puis est arrivé le passage où il couche avec Ana. Le peu de charisme que pouvait avoir le personnage s'est effondré et, dans la suite du livre, il ne dépassera pas celui d'un Flamby.

     

     

    Comme Ana (et comme d'autres personnages, d'ailleurs), le jeune milliardaire semble souffrir d'un vrai problème de personnalités multiples. Un équivalent du Docteur Jekyll et Mister Hide, mais en accéléré. On connaît dès le départ son côté autoritaire, limite dictatorial. Puis, d'un coup, il devient tout mimi, tout trognon. Ce qui décrédibilise et rend ridicule la part d'obscurité en lui.

     

     

    Les personnages secondaires. Ceux-là, j'ai trouvé qu'ils avaient du potentiel, j'aurais aimé en savoir plus sur eux. Mais c'est sans doute parce que, justement, leur présence n'a pas été exploitée, que je trouve qu'ils ont quelque chose à offrir. En réalité, ils ne sont là que pour faire beau. La moindre intrigue en lien avec eux n'est pas développée.

     

     

    Le meilleur exemple, c'est celui avec José, un très bon ami d'Ana qui est aussi amoureux d'elle. Lors d'une soirée, il tente d'embrasser la jeune femme. Elle le repousse, il insiste et est seulement arrêté par un Christian Grey qui fait une entrée magistrale. Pendant plusieurs pages, quand Ana se met à penser à son ami, elle ressent une certaine colère, elle ne veut pas le voir. Elle ne réponds pas quand il l'appelle plusieurs fois.

     

     

    Puis vient le moment où elle le revoit. Là, on se dit qu'enfin, on va avoir de l'action, une explication. Ana voit José et lui dit "Je ne peux pas t'en vouloir, dès que je te vois". Clap de fin. T'es sérieuse, Ana ? Ça a servi à quoi, tes questionnements ? Au final, José a juste permis un rapprochement entre les deux principaux protagonistes.

     

     

    Grosse déception aussi vis-à-vis du personnage de Kate, la meilleure amie d'Ana. Je l'aime bien, Kate, mais elle aussi a un problème de personnalité. Elle ne cesse de dire qu'elle ne sent pas Christian, mais elle est hyper contente quand sa copine lui dit qu'elle couche avec. Elle n'aime pas l'homme, mais elle ne cesse de répéter à Ana qu'il est amoureux d'elle. T'es pas du tout contradictoire, comme nana, Kate.

     

     

    Mais ce personnage m'a au moins permis de cerner le nœud du problème. Je pense que E.L. James a voulu créer des personnages complexes, mais qu'elle s'est totalement loupée. Les transitions entre les différents traits de caractère sont quasi inexistantes. On a l'impression que l'histoire a connu trois versions : une où les personnages ont tel caractère, une où ils sont à l'opposé de la première et la version finale, où on a prit des petits bouts de chacune des deux autres, avec un rafistolage à l'arrache.

     

     

    Je garde enfin le meilleur pour la fin. Les scènes de sexe. Parce que c'est quand même ça, l'intérêt du roman. Le sexe et, surtout, l'exploitation de la pratique du sadomasochisme. Une véritable catastrophe. Je ne connais rien à ce milieu, je ne sais pas si il y a vraiment un contrat de signé entre les deux parties. Mais quand j'ai lu celui du livre, j'ai explosé de rire. Une phrase a tout déclenché : "La Soumise fera en sorte de dormir sept heures par nuit au minimum lorsqu'elle n'est pas avec le Dominant".

     

     

    Ça, ça m'est tué. J'ai eu beaucoup de mal à garder mon sérieux en lisant le reste. Quant au passage à l'acte en lui-même. Tant qu'on restait dans le descriptif, ça allait. Dans un livre écrit à la première personne du singulier, on est censé ressentir encore plus l'impact émotionnel du narrateur, en l’occurrence, Ana. Sauf qu'Ana avait des réactions … Je ne sais pas au juste quel mot conviendrait. Débiles, peut-être. Quand elle s'extasie/s'inquiète devant la taille de l'engin de monsieur Grey. Quand elle voit ses pieds. Et, bien évidement, les positions en elle-même.

     

     

    Là, ça devient cru. Je cite, de tête "Oh putain, il baise ma bouche !". Wouah, super, Ana, ça donne vraiment envie. A sa décharge, je dois dire qu'elle ne fait que reprendre le langage de Christian, qui ne sais s'exprimer que de cette façon dans ces moments-là. Les répliques de Grey sont la deuxième chose à réduire à néant l'intérêt des scènes de sexe. Petit florilège, issu de leur première nuit ensemble (qui est aussi la première fois tout court pour Ana):

     

     

    "Et maintenant, je vais vous baiser, mademoiselle Steele. Brutalement."

    "Alors, comme ça, tu veux que je te baise encore ?"

    "Je vais te prendre par derrière, Anastasia"

    "Tu mouilles tellement vite."

     

     

    Et c'est à peu près la même chose à chaque fois qu'ils couchent ensemble. Oh, mais la ferme, Christian, on a pas besoin que tu nous fasse d'annonce à chaque fois, surtout si c'est pour parler comme ça !!!

     

     

    Vous l'aurez compris … J'ai détesté Fifty Shades of Grey. Et il est hors de question, pour moi, de lire les deux autres volets.

     

     

    Si vous ne l'avez pas lu, peut-être que mon avis vous aura totalement dissuadé. Peut-être qu'il vous aura rendu très curieux. Peut-être que vous l'avez lu et aimé. Dans tous les cas, n'hésitez pas à donner votre avis en commentaires (et si vous avez aimé, dites-moi pourquoi, j'aimerais vraiment comprendre).

     

    Et si, malgré tout, vous avez quand même envie de l'acheter, cliquez sur le lien Fifty Shades of Grey

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  • Commentaires

    1
    Nomade
    Mercredi 11 Mars 2015 à 15:55
    Nomade

    Salut,

    Oh oh, j'ai lu la trilogie à sa sortie. Je l'ai lue avec pas mal de recul, et pour ce qu'il était : un roman mal écrit fait pour divertir les femmes. Franchement, je m'attendais à un truc tellement naze que j'ai été surprise. Non, le livre ne m'a pas émoustillée, oui le texte est pauvre et mal tourné mais franchement, qu'est-ce que j'ai rigolé !  Il n'y a pas grand chose de crédible mais en fait, ça m'a quand même "divertie".

    Attention, ça n'en fait pas un bon livre, c'est juste que je trouvais cette lecture drôle et différente de ce que j'ai l'habitude de lire.

    J'ai relu le 1er tome  récemment car je voulais me remettre l'histoire en tête pour comparer avec le film. Cette 2e lecture a été particulièrement éprouvante. C'est vraiment TRES MAL écrit. Maintenant que j'ai vu le film, je peux te faire un aveu que tu n'auras pas de mal à croire. Si le livre est une bouse, le film est une TRIPLE bouse. A tous les niveaux. :)

    Pour la suite (tomes 2 et 3), tu as bien raison de t'abstenir, c'est toujours aussi mal écrit, et l'histoire vire à la romance ultra mièvre, sans parler de toutes les péripéties qui s'enchainent sans but, si ce n'est pour combler les quelques pages où il n'y a pas de scènes de cul.

    Voilà :)

    2
    Mercredi 11 Mars 2015 à 16:07

    Mais comment peut-on ne pas aimer ce chef-d’œuvre de la littérature érotique du XXIème siècle ?!


    ... LOL...


    Je t'avoue que pour le moment, j'arrive pas à dépasser le premier paragraphe... je trouve la première scène tellement burlesque !


    J'ai lu quelques scènes plic ploc comme ça que j'ai trouvées très mauvaises.


     


    Merci pour ton avis ! happy

    3
    Mercredi 11 Mars 2015 à 16:18

    Je n'avais pas l'intention de le lire. Et cette décision est encore plus définitive après la  lecture de ton article xD

    On peut surement (parfois) en rire, mais ça reste quand même assez pitoyable. J'aurais jamais eu le courage de le lire jusqu'au bout lol

    Et dire qu'ils en ont même fait un film. Il y a des milliers de très bonne histoires et d'auteurs bien plus doués qui mériteraient d'êtres mises en avant !

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    4
    Maly
    Mercredi 11 Mars 2015 à 16:19

    De l'or en barre, ta critique :p

    J'ai beaucoup ri en te lisant. Tu as fait un super boulot d'analyse et je pense que tu as parfaitement cerné la bestiole. 


    Rappelons que 50 shades, c'était à la base Bella Swan qui découvrait le sexe grâce au ténébreux Edward Cullen, ceci explique cela... J'ai eu l'impression, en lisant ce bouquin, qu'EL James a voulu garder une trace de sa fanfiction et du caractère des personnages de Twilight, d'où le fait que tous les perso' de 50 shades sont à la limite de la schizophrénie, non? 

    L'auteure n'a pas du tout faire le boulot de recherche et tout le toutim qu'on est censé faire avant d'écrire une histoire, du coup, 50 shades, ça reste de la mauvaise fanfiction, pour ma part (oui parce que, même si ce genre est assez dénigré, je maintiens qu'il y a d'excellentes fanfictions sur la toile, aussi bonnes qu'un bon roman original...). 

    Enfin bref, j'avais hâte de découvrir ta critique, Kohana :) j'ai ri en remarquant que plus j'avançais dans la lecture de l'article, plus tu avais l'air en colère ah ah ^^

    5
    Mercredi 11 Mars 2015 à 18:32

    Je ne comptais pas le lire, et encore moins après avoir lu ton article ^^ merci de m'avoir faite rire pendant quelques minutes wink2

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